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L’Homme aux quarante écus - Voltaire

Voltaire ecus
 
L’Homme aux quarante écus - Voltaire
 
François-Marie Arouet, dit Voltaire (1694 - 1778) est un écrivain et philosophe français qui a marqué le XVIIIe siècle et qui occupe une place particulière dans la mémoire collective française et internationale.
 
L'Homme aux quarante écus est un conte de Voltaire, paru en 1768.
 
Ce revenu de quarante écus provient d'un calcul inattendu : celui de la division fictive du nombre d'arpents du royaume entre le nombre de ses sujets, et de la rente associée à la surface correspondante : on pourrait y voir une première ébauche du revenu de solidarité active.
 
Dans la pratique, le narrateur explique que cette somme permet de survivre, mais dans une condition juste modeste. Il y raconte ses déboires avec la pression fiscale, présentée comme raisonnable sous Henri IV et Louis XIII et devenue plus contraignante par la suite.
 
Extrait :
 
Je suis bien aise d’apprendre à l’univers que j’ai une terre qui me vaudrait net quarante écus de rente, n’était la taxe à laquelle elle est imposée. Il parut plusieurs édits de quelques personnes qui, se trouvant de loisir, gouvernent l’État au coin de leur feu[2]. Le préambule de ces édits était que la puissance législatrice et exécutrice est née de droit divin copropriétaire de ma terre, et que je lui dois au moins la moitié de ce que je mange. L’énormité de l’estomac de la puissance législatrice et exécutrice me fit faire un grand signe de croix. Que serait-ce si cette puissance, qui préside à l’ordre essentiel des sociétés, avait ma terre en entier ! L’un
est encore plus divin que l’autre.
 
Monsieur le contrôleur général sait que je ne payais en tout que douze livres ; que c’était un fardeau très-pesant pour moi, et que j’y aurais succombé si Dieu ne m’avait donné le génie de faire des paniers d’osier, qui m’aidaient à supporter ma misère. Comment donc pourrai-je tout d’un coup donner au roi vingt écus ?
 
Les nouveaux ministres disaient encore dans leur préambule qu’on ne doit taxer que les terres, parce que tout vient de la terre, jusqu’à la pluie, et que par conséquent il n’y a que les fruits de la terre qui doivent l’impôt.
Un de leurs huissiers vint chez moi dans la dernière guerre ; il me demanda pour ma quote-part trois setiers de blé et un sac de fèves, le tout valant vingt écus, pour soutenir la guerre qu’on faisait, et dont je n’ai jamais su la raison, ayant seulement entendu dire que, dans cette guerre, il n’y avait rien à gagner du tout pour mon pays, et beaucoup à perdre. Comme je n’avais alors ni blé, ni fèves, ni argent, la puissance législatrice et exécutrice me fit traîner en prison, et on fit la guerre comme on put...
 
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