Les Quatre Fils d’Ève - Vicente Blasco Ibanez

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Les Quatre Fils d’Ève par Vicente Blasco Ibanez.
 
Vicente Blasco Ibáñez (1867 - 1928) est un écrivain, journaliste et homme politique espagnol. Il est considéré comme l'un des plus grands romanciers de langue espagnole.
 
Anticlérical et républicain, il mena une vie agitée et fut à l'origine d'un mouvement politique auquel il donna son nom, le blasquisme. Il fonda également le journal El Pueblo en 1894 pour diffuser ses idées. Son style de roman naturaliste l'a fait comparer à Émile Zola.
 
Les Quatre Fils d’Ève - Extrait :
 
La moisson tirait à sa fin, dans la grande estancia argentine appelée « La Nationale ». Les hommes, venus de tous côtés pour faire la récolte évitaient de s’entasser dans les maisons des ouvriers et dans les dépendances où l’on gardait les machines agricoles et les balles d’alfalfa sec ; ils préféraient dormir en plein air et avoir pour oreiller le sac qui contenait tous leurs biens terrestres et qui les avait accompagnés partout dans leurs incessantes pérégrinations. Il y avait là des hommes de presque tous les pays de l’Europe.
 
Les uns, éternels vagabonds, s’étaient mis à courir le monde entier pour rassasier leur soif d’aventures, et ils n’étaient que temporairement dans la pampa argentine ― quelques mois, pas davantage ― avant de transporter leur existence inquiète en Australie ou au cap de Bonne-Espérance. Les autres, simples paysans, Espagnols ou Italiens, avaient traversé l’Atlantique, attirés par l’étonnante nouveauté de gagner six pesos par jour pour le même travail qui, dans leur pays, était payé quelques centimes.
 
La plupart de ces moissonneurs appartenaient à la classe d’émigrants que les propriétaires argentins appellent « hirondelles » : oiseaux humains qui, chaque année, lorsque les premières neiges couvrent leur pays, abandonnent les rivages de l’Europe et s’envolent vers le climat plus chaud de l’hémisphère méridional. Ils travaillent durement, l’été et l’automne ; puis, lorsque le
vent de la pampa commence à balayer les plaines, l’approche de l’hiver les effraie ; alors ils s’en retournent aux lieux d’où ils sont venus, et ils y arrivent à l’époque où la terre commence à se réveiller sous les premières caresses du printemps. Ils reviennent chaque année, serrés comme un troupeau de moutons sur l’avant des sordides vapeurs du service de l’émigration, pour travailler dans les fermes et pour y économiser un petit magot, en songeant sans cesse à leur lointaine patrie. Ils ne font pour ainsi dire que glisser sur le sol de la République Argentine, sans avoir la moindre velléité d’y prendre racine. Sitôt la moisson terminée, ils s’enfuient, emportant dans leur ceinture le produit de leur labeur, et prêts à revenir l’année suivante.
 
Pour les moissonneurs de « La Nationale », le repas du soir était le meilleur moment de la journée. Ils se réunissaient en groupes, rapprochés par le lien d’une commune origine ou par le charme personnel de la sympathie. Ils soupaient en plein air, assis sur le sol autour de la marmite fumante. Quoique les nuits fussent chaudes, ils allumaient des feux, pour que la flamme et la fumée les protégeassent contre les moustiques, féroces maîtres de la plaine...
 
 
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